top of page

LIMITES DE LA SPIRULINE

La spiruline présente beaucoup d’aspects positifs : une composition exceptionnelle sur le plan nutritionnel, une facilité de production locale et des résultats concluants. Pourtant cette micro-algue doit faire face à une limite et elle n’est pas des moindres : les organisations internationales ne l’utilisent pas pour combattre la malnutrition.

 

 

réalisée en 2008 par l’Institut de Recherche pour le Développement. En effet, il existerait des risques de toxicité liés à l’absence d’hygiène et d’entretien des bassins, surtout pour les productions artisanales comme en Afrique où la surveillance de la qualité sanitaire des aliments est moins rigoureuse que dans les pays qui assurent les productions industrielles.

         Si la spiruline est très peu utilisée pour combattre la malnutrition, elle n’est pas pour autant sans usage. Il faut savoir qu’une étude réalisée en 2000 par le bureau Tractebel Consult en association avec le Centre Universitaire de Biotechnologie Algale en Belgique a démontré qu’un kilo de spiruline est produit dans le monde toutes les trois secondes environ, ce qui représente une production annuelle de 5 000 tonnes. Cependant la quasi-totalité de la production est fabriquée de façon industrielle dans les pays comme la Chine ou les Etats-Unis pour réaliser des compléments alimentaires ou des agro-carburants.

       De plus un autre aliment circule sur le marché et est utilisé par les agences de l’ONU et les ONG (Organisation Non Gouvernementale) : le Plumpy’Nut. Il a été conçu en 1996 par deux français, André Briend chercheur à l’IRD et Michel Lescanne, P-DG de Nutriset, une entreprise normande. C’est une pâte énergétique constituée d’arachide et classée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture comme une nourriture thérapeutique prête à l’emploi. Depuis sa mise au point et sa commercialisation entre 1997 et 2003, Nutriset a basé des usines  dans   plusieurs  pays   en   voie  de  développement,   tel  que   le 

Niger, l’Ethiopie, le Congo et la République dominicaine par exemple. Il a alors connu et connaît encore aujourd’hui un succès phénoménal, ce qui a permis de multiplier par quatre le chiffre d’affaires de Nutriset entre 2000 et 2005. Pourtant, ce "produit miracle" est parfois mal utilisé : on le considère comme un aliment ne nécessitant pas de préparation et non plus comme un médicament seulement administré aux enfants malnutris. De surcroît beaucoup s’interrogent sur la position que joue André Briend, il est en effet devenu vice-président de l’Organisation Mondiale de la Santé. Bien qu’il ait auparavant renoncé à ses redevances sur le brevet Plumpy’Nut et qu’il dit ne plus avoir de relation avec Nutriset, son rôle actuel est de réfléchir aux futures recommandations de l’OMS pour le combat à domicile de la malnutrition, ce pour quoi a justement été créé le Plumpy’Nut … Finalement "à n’en pas douter, le Plumpy’Nut est un produit remarquable, explique une médecin proche d’une grande ONG humanitaire, mais ce qui est gênant, c’est la façon dont il a été mis sur le marché".

Ils existent plusieurs raisons à cette prudence de la part des scientifiques. Dans un premier temps les organisations exigent des études scientifiques prouvant l’efficacité, la qualité et les non-toxicité de la spiruline. Mais paradoxalement, aucune association ne souhaite effectuer ces études jugées trop coûteuses. Les quelques recherches réalisées n’ont pas permis de convaincre de l’utilité de la spiruline face à la malnutrition car trop d’incertitudes demeurent. Une première recherche de détection de cyanotoxines, substances toxiques synthétisées par les cyanobactéries, a été réalisée sur des animaux nourris à court et long terme avec de fortes doses de spiruline, et elle n’a pas révélé de toxicité. Cependant des doutes subsistent encore quant à la présence de certaines substances toxiques comme la Bêta-N-méthylamino-L-alanine. C’est pourquoi certains scientifiques estiment qu’il vaut mieux extraire les molécules actives de la spiruline plutôt que de la consommer directement, mais cela serait trop coûteux et donc désavantageux pour les pays en développement.

         De surcroît, une critique a été émise lors d’une étude intitulée "La Spiruline peut-elle  être  un  atout  pour  la santé  et  le  développement  en  Afrique  ?"  et

        Ainsi le manque d’informations scientifiques concrètes empêche l’utilisation de la spiruline contre la malnutrition et oriente les organisations vers d’autres solutions. "Nous préférons, par souci d'efficacité, importer des compléments en vitamines et minéraux aux normes de l'Organisation mondiale de la santé plutôt que de faire confiance à un produit certes riche, mais qui n'offre aucune garantie et n'a pas fait l'objet de publications scientifiques irréfutables", explique Claire Mouchet, nutritionniste à l'IRD. Le rapport de l’IRD conclue qu’il paraît plus judicieux de lutter contre la malnutrition grâce à la création de jardins potagers qui ne nécessite pas d’études scientifiques et qui développent l’économie locale.

 

Malgré cette réticence de la part des scientifiques et des usages divers dans les pays développés, d’autres croient en les bienfaits de la spiruline contre la malnutrition, c’est le cas d’Antenna. Cette association créée en 1989 à Genève est le résultat de Denis von der Weid et d'un réseau de scientifiques de haut niveau. Selon cette ONG, la spiruline serait la solution au problème de la faim dans le monde grâce à sa composition de très haute qualité nutritive et à son haut rendement, on peut produire 9 tonnes de protéines à l’hectare grâce à cette cyanobactérie contre 1 tonne pour le blé ou le soja. Antenna a alors financé quelques études dont une réalisée en Inde en 1996 sur 80 enfants malnutris. Les enfants ont été répartis en deux groupes : l’un prenant 1 gramme de spiruline par jour pendant 6 semaines et l’autre un placebo. Les résultats ont montré que 68% des enfants du 1er groupe ont pris du poids (dont 50% plus de 500 grammes et 12% plus de 1 kilo). Quant au groupe n’ayant pas pris de spiruline, seulement 43% des enfants ont grossi et 20% ont maigri. Mais cette étude n’a pas été complétée par des examens approfondis sur chacun des enfants.

Affiche d’Antenna France

bottom of page